Sciences & éthique
En danger, les abeilles trouvent refuge en ville
LA CROIX du MARDI 22 AVRIL 2008 QUOTIDIEN N° 38036
Les villes, avec leurs jardins et nombreuses terrasses fleuries, leurs températures plus clémentes, se révèlent accueillantes pour les abeilles qui trouvent de moins en moins de biodiversité à la campagne
Jean-Paul Faucon, le chef de l’unité «pathologie des abeilles» de l’Agence fran çaise de sécurité sanitaire des aliments, se souvient des années 1970, à l’époque où son la boratoire était implanté au cœur de Nice : « Nous avions de superbes essaims en pleine forme qui déva laient les rues niçoises. » Aujourd’hui implanté dans l’arrière-pays, à Sophia Antipolis, il observe ses ruches qui vivotent sur le plateau de Valensole converti à la mono culture du blé. « Cela fait des années que les abeilles produisent plus de miel en ville qu’à la campagne. C’est vrai à Paris comme à Metz, Marseille ou Montauban » , affirme Paul Schweitzer. Le directeur du laboratoire d’analyses et d’écologie apicole du Centre d’études techni ques apicoles de Moselle-Lorraine analyse 2 500 miels chaque année. Même les abeilles sauvages ont pris leurs quartiers en ville comme l’a révélé une étude londonienne. Pour en savoir plus, Lyon projette de réa liser un inventaire comparatif sur la présence d’abeilles en zones vertes urbaines et en milieux agricoles.
« Cela n’est finalement pas très étonnant , ajoute Paul Schweitzer;
les villes ont fini par devenir des re fuges de biodiversité et les nombreux arbres, les squares, jardins, balcons et terrasses garantissent une suc cession de floraisons du printemps à l’automne. Les abeilles des villes produisent de ce fait un miel polyflotypiquement urbain. » Ajoutons un microclimat des villes, avec quelques degrés Celsius supplé mentaires qui ne sont pas pour déplaire à l’insecte. Et devançant la question de la pollution urbaine, Henri Clément, président de l’union nationale de l’apiculture française (Unaf), rétorque que « l’abeille butine des fleurs qui ont souvent la tête en bas; celles-ci ne servent pas de réceptacle à la pollution, à la différence des tulipes qui ne sont pas butinées » .
À la campagne, paradoxalement, la vie est plus rude. Dans de nom breuses régions, la nourriture vient à manquer. « Les espaces de mono culture ont éradiqué la diversité, le recours aux pesticides s’est généra lisé. Les dites mauvaises herbes, si bonnes pour les abeilles, comme les chardons, ont disparu, tout comme les coquelicots, bleuets, centau rées
riches en pollen» , poursuit Paul Schweitzer. «Les cultures de protéagineux sont devenues trop rares, or c’est grâce à la refloraison de ces plantes remontantes que les abeilles récoltent le pollen qui leur servira à passer l’hiver» , ajoute Philippe Lecompte, apiculteur bio, responsable de l’association de développement de l’apiculture pour l’Est de la France (Ada Est). « Si cette ressource fait défaut, l’espérance de vie hivernale de l’abeille qui est de 120 jours peut s’effondrer à 30 jours » , poursuit l’apiculteur.
Depuis vingt ans, Paul Schweit zer mesure l’appauvrissement des espèces florales dont il retrouve la trace dans le miel, miroir de la biodiversité environnante. Car une abeille butine à elle seule environ 700 fleurs par jour, dans un rayon de trois kilomètres autour de la ru che. Elle récolte quotidiennement 40 mg de nectar (les glucides qui donneront 10 mg de miel) et 20 mg de pollen (les protéines). Une colo nie de 30 000 butineuses aura ainsi visité 21 millions de fleurs en une journée !
La présence accrue de pollen de chêne, un mets peu prisé des abeilles, est, par exemple, une signature de la raréfaction de l’alimentation. Certaines espèces sont également de plus en plus présentes dans le bol alimentaire de l’abeille.
«L’ailanthe (arbre ornemental) est devenu invasif dans tout le sud de l’Hexagone, le miel en atteste, >>>>
« Les villes ont fini par devenir des refuges de biodiversité et les nombreux arbres, les squares, jardins, balcons et terrasses garantissent une succession de floraisons du printemps à l’automne. »
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Les abeilles trouvent refuge en ville
<<malheureusement il est de piètre qualité » , déplore Paul Schweitzer.
Les abeilles n’ont certes pas vo cation à déserter les campagnes où elles sont vitales. «La survie ou l’évolution de plus de 80 % d
es espèces végétales dans le monde et la production de 84 % des espèces cultivées en Europe dépendent direc tement de la
pollinisation par les in sectes, pour l’essentiel des abeilles » , résume ainsi Bernard Vaissière, le spécialiste des abeilles, responsa ble
du laboratoire de pollinisation entomophile à l’Institut national de recherche agronomique
Les apiculteurs d’ailleurs font transhumer leurs ruches pour assurer la pollinisation des vergers et autres cultures.
Aux États-Unis, où la pollinisation se rémunère à la ruche, « les ruches ont quitté la Floride la semaine dernière pour
assurer la pollinisation du poti ron en Pennsylvanie, puis elles poursuivront leur chemin jusqu’en Californie pour accomplir leur
tâche sur les amandiers, avant de regagner la Floride pour s’occuper des agrumes» , explique Dennis Van Engelsdorp, l
e spécialiste américain des abeilles, coordi nateur du groupe de travail sur le syndrome d’effondrement des colonies.
« On a évalué à plus de 15 milliards de dollars la valeur économique de la pollinisation » , poursuit le spécialiste.
Les abeilles, domestiques et sau vages, ont donc d’abord vocation à vivre à la campagne où elles jouent le rôle d’auxiliaires
vitales pour les cultures et la flore sauvage. Mais c’est parce que leur survie est menacée que l’Unaf a lancé le programme
« abeille sentinelle de l’environnement », pour placer l’abeille au cœur des villes, deve nues à la fois des zones refuges et des vitrines.
Ainsi les ruches installées sur le toit de l’Opéra Garnier à Paris ou dans les jardins du Luxembourg ne font plus partie du folklore.
Il y a dorénavant 200 à 300 ruches dans la capitale, y com pris dans des bureaux. L’agence de communication Anatome, près de la Bastille,
a accueilli en 2005 la première ruche du programme Unaf dans ses murs, la ruche transparente étant directement reliée à l’extérieur par un conduit d’accès.
«De là elles gagnent le Jardin des plantes ou le cimetière du père Lachaise » , précise Henri Clément. Et d’ajouter : « Elles
produisent parmi les meilleures récoltes de France. »
Depuis, presque cha que semaine, des ruches gagnent les centres urbains. Les régions Languedoc-Roussillon et Rhône Alpes, les villes de Nantes,
Lille, Besançon
ont été les premières à se doter de ruches. Vendredi dernier, c’était au tour de Saint Germain-en-Laye d’accueillir des ruches
au beau milieu d’un domaine de 70 hectares abritant des fleurs rares et protégées.
MARIE VERDIER
Il y a dorénavant 200 à 300 ruches à Paris.
SALES CHRISTIAN/SUNSET
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COMMENTAIRE
Essaims désorientés
Les abeilles sont-elles en train de perdre le nord ? Que signifie leur exode rural, aussi massif qu’im prévu ? Elles dont on sait, grâce au grand éthologue Karl von Frisch, qu’elles disposent d’un sens de l’orientation parmi les plus perfectionnés du règne animal (elles sa vent, par une danse, se communiquer la direc tion, la distance et la na ture du meilleur nectar à butiner), les voici en per dition. Déroutées dans leurs usages familiers et même, semble-t-il, en voie d’extinction.
L’affaire est grave, bien au-delà du miel qui vien drait à manquer. Car le problème n’est pas de l’ordre magique d’un « GPS » qui remettrait nos hy ménoptères préférés sur la voie de leurs pollens fa voris. Il est de l’ordre de l’équilibre écologique de notre planète. Les errements des essaims, et a fortiori les menaces sur leur survie, sont un symptôme des risques sur la vie tout court, tels qu’ils sont aggravés par l’inflation des pesticides et les atteintes à la biodi versité.
D’aucuns en sont déjà à craindre une disparition totale des abeilles de nos latitudes. Outre l’aspect symbolique de cette es pèce, dont le bourdonne ment fait partie intégrante de notre patrimoine affec tif, son effacement du pay sage ambiant aurait des conséquences en chaîne incalculables, une majo rité des végétaux de par le monde ne pouvant se féconder sans leur inter médiaire. Avec les abeilles, c’est donc toute la planète qui perd le nord
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Michel Kubler
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Mais qu’est-ce qui fait mourir les abeilles ?
Tout concourt au dépérissement des insectes même si le poids respectif des pesticides, des maladies et de la perte de biodiversité fait débat
Vespa velutina ! Ce jour de novembre 2005, le ciel est tombé sur la tête des api culteurs. Les scientifiques venaient d’identifier dans le Lot-et-Garonne la présence du redoutable frelon asiatique, Vespa velutina , préda teur de l’abeille. « Il est probable que des reines fondatrices en hi bernation ont fait le voyage dans des poteries pour bonsaïs importées par bateau jusqu’à Bordeaux » , en visage Claire Villemant, spécialiste des hyménoptères au Muséum na tional d’histoire naturelle. Depuis
Vespa velutina s’est installé dans le quart sud-ouest de l’Hexagone.
« L’espèce est invasive, elle va gagner du terrain, on ne peut plus l’éradi quer » , poursuit la scientifique. Or, lorsqu’il attaque un rucher, le frelon peut faire succomber 20 à 30 % d’une colonie
Les abeilles n’avaient pas besoin de ce coup supplémentaire. Tant de fléaux se sont abattus sur les pollinisateurs ces dernières décen nies que la question de leur dis parition n’est plus seulement une hypothèse d’école. Pour l’abeille domestique, le début du déclin a une date : 1982. Cette année-là, l’acarien Varroa destructor était découvert dans des ruches d’Al sace. Venu d’Asie par le biais du commerce d’abeilles, ce parasite cohabitant avec l’abeille asiatique
Apis cerana s’est attaqué à l’abeille domestique d’Europe, Apis melli fera , démunie de défenses pour résister au pathogène qui se mul tiplie dans le couvain (les larves) et se nourrit de l’hémolymphe des abeilles. Depuis, la varroase s’est généralisée à la planète entière, obligeant, au grand dam des api culteurs, à traiter les ruches avec un acaricide. « Si les populations sont affaiblies par le parasite, elles ne survivent pas, surtout si l’hiver est rude. C’est le premier facteur responsable des fameuses morta lités hivernales » , explique Jean Paul Faucon, chef de l’unité de pathologie de l’abeille à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) et coauteur de L’Enquête prospective multi factorielle : influence des agents microbiens et parasitaires, et des résidus de pesticides sur le devenir de colonies d’abeilles domestiques en conditions naturelles , dont les conclusions ont été publiées en fé vrier dernier. Des ruchers entiers ont ainsi été décimés par le varroa. D’autres agresseurs sont venus prêter main-forte au pathogène dévastateur, entre autres la loque américaine, maladie du couvain, qui frapperait 10 % des ruches, et le champignon nosema et sa nou velle version plus toxique, Nosema ceranae , elle aussi venue d’Asie et
découverte sur le sol national il y a cinq ans. « La nosemose provoque une diarrhée difficile à diagnosti quer, les abeilles meurent d’épuise ment » , poursuit Jean-Paul Faucon. Enfin, en ce début d’année a été découverte en Lozère la présence du virus israélien (parce que découvert en Israël en 2002) de la paralysie aiguë (IAPV). Or aux États-Unis ce virus est associé aux cas de syndrome d’effondrement des colonies (ou « CCD » pour co lony collapse disorder ), même s’il ne suffit pas à lui seul à expliquer ces pertes massives et encore énigmatiques d’abeilles, consta tées depuis 2006.
Les abeilles domestiques et sau vages ont effectivement de quoi être affaiblies, surtout quand elles ne peuvent plus reconstituer leurs forces dans un environnement qui ne leur offre plus ni le gîte ni le couvert. Dans ce contexte, nul besoin d’incriminer les pestici des qui, s’ils ont effectivement été à l’origine de mortalités mas sives dans le passé, ne jouent plus aujourd’hui qu’un rôle marginal. C’est en tout cas la conclusion de l’étude Afssa pour laquelle
« aucune relation statistique entre la présence de résidus (
) avec la mortalité des colonies n’a pu être mise en évidence » . Les scientifiques envisagent néanmoins des « syner gies possibles entre les divers résidus de pesticides d’une part, et entre les résidus de pesticides et les agents pathogènes d’autre part » .
L’expertise au long cours menée sur 120 colonies d’abeilles a été sa luée, même si elle ne répond pas à toutes les interrogations. « Seule la
mortalité des ruches a été étudiée, pas la mortalité des abeilles» , explique Pascal Jourdan du cen tre national du développement apicole (CNDA). « Si 10 000 buti neuses meurent d’intoxication, cet affaiblissement de la colonie ne sera pas mesuré quand vingt jours plus tard naîtront de nouvelles abeilles dans le couvain , poursuit Pascal Jourdan. Une chose est sûre pour tant : il faut deux ou trois fois plus de travail qu’il y a vingt-cinq ans pour maintenir le cheptel, par une pratique incessante d’essaimage, de renouvellement de reines et de colonies ; c’est la preuve évidente que les abeilles souffrent dans un environnement défavorable. »
Bernard Vaissière, responsable du laboratoire de pollinisation entomophile (Inra), s’interroge encore: «Le génome de l’abeille domestique qui a été séquencé a montré que l’insecte était dépourvu de gènes codant pour des enzymes de détoxification. L’abeille n’a de ce fait aucune capacité à dévelop per des résistances aux molécules chimiques. Or les pesticides uti lisés pour les semences enrobées agissent à de très faibles doses. Que sait-on de l’impact sur les abeilles sauvages, beaucoup plus exposées que les abeilles domes tiques ? » Mais la démonstration est presque impossible, précise le scientifique. « Il faudrait faire des études d’écotoxicologie sur un rayon de dix kilomètres, évaluer le potentiel de nourriture jour après jour, connaître la totalité des traitements chimiques des cultures et les heures d’épandage
»
M. V.
« Les abeilles souffrent dans un environnement défavorable. »
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REPÈRES
Une activité pollinisatrice indispensable
>> 20 000 espèces d’abeilles dans le monde, 2 500 en Europe, 1 000 en France.
>> 80 % des espèces végétales et trois quarts des cultures de la planète (fruits, légumes, oléagineux, protéagineux
) dépendent pour partie de l’activité pollinisatrice des insectes.
>> 35 % de la production mondiale de nourriture résulte de la production de cultures dépendant des pollinisateurs.
>> Quelques cultures comme le cacao, les courges, potirons, pastèques, fruits de la passion, noix du Brésil et de macadamia, sont totalement dépendantes des pollinisateurs, pour leur production de fruits et de graines. En l’absence d’abeilles, l’homme doit alors les polliniser un à un manuellement
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DÉBAT
Peut-on encore sauver les abeilles ?
« Oui, si on leur offre un bol alimentaire varié et non contaminé »
Bernard Vaissière
Responsable du laboratoire de pollinisation entomophile (Inra)
«La première sonnette d’alarme sur la possible dis parition des abeilles a été tirée lors du sommet de la Terre de 1992. Le problème n’est donc pas nouveau. Il s’aggrave. Une grande étude scientifique me née en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas (parue dans Science en juillet 2006) a clairement montré qu’il y avait un déclin des populations d’abeilles, à la fois en diversité d’espèces et en densité d’insectes, et qu’il y avait en parallèle un déclin des plantes pollinisées. On peut tout à fait extrapoler ce constat à la France métropolitaine.
La disparition des abeilles entraînant la disparition de plantes, il y a matière à crain dre des disparitions en cascade. Les travaux menés dans le cadre du programme européen Alarm sur la biodiversité ont bien mon tré que l’érosion de la diversité paysagère au profit de grandes zones de culture a fait disparaî tre habitats et nourriture pour nombre d’espèces inféodées à certains milieux et certaines plantes. Ne survivent que les espèces ubiquistes, généra listes, habituées aux milieux perturbés. Or une autre étude qui portait sur des champs de tournesol, publiée dans la re vue de l’académie des sciences britannique, a révélé le rôle dé terminant des abeilles sauvages dans l’activité de pollinisation, y compris par les abeilles do mestiques. Ces dernières ont une efficacité pollinisatrice multipliée par cinq lorsqu’on observe la présence simultanée d’abeilles sauvages !
Si l’on est relativement démuni pour lutter contre les attaques de parasites et autres préda teurs pathogènes, on peut agir sur les autres grandes causes de déclin, l’appauvrissement et la contamination des milieux, pour offrir un bol alimentaire varié et non contaminé aux pollinisateurs. Cela suppose de recréer des zones refuges pour la survie des pollinisateurs au milieu des gazons trop tondus, le long des champs et des talus trop fauchés
Agriculteurs, jardiniers indi viduels, gestionnaires d’espaces verts sont tous concernés par le maintien de coins de biodi versité et par l’abandon ou au minimum la drastique res triction de l’usage des pesti cides. On pourrait aussi affiner la pratique des jachères dites apicoles, beaucoup trop limi tées en variétés de semences et non adaptées aux abeilles sauvages. »
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« Commençons par produire les semences »
Serge Gadoum
Responsable pollinisateur sauvage à l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie)
« Les plantes cultivées et sauva ges ont besoin de l’ensemble des insectes pollinisateurs et pas seulement des abeilles domes tiques, même si ces dernières jouent un rôle de premier plan. Ainsi l’abeille domestique sort de sa ruche aux premières dou ceurs quand le thermomètre est supérieur à 12 °C. Le bourdon, lui, peut être actif à des températures plus fraîches, dès 9 °C. Il arrive de ce fait que la pollinisation des arbres fruitiers repose principa lement sur le bourdon en début de saison. Certaines plantes, les orchidées par exemple, sont butinées essentiellement par des abeilles sauvages.
Ainsi les insectes utiles se complètent-ils ou se livrent une saine concurrence. Mais les in sectes sauvages sont encore plus sensibles au déclin de la biodiver sité. Ce sont souvent des insectes solitaires qui ont leur nid dans le sol des talus, les tiges creuses des végétaux ou le bois mort. Or ils n’ont plus de lieu pour nidifier. Et parfois plus de quoi manger. Il faut pour tous les pollinisateurs de la nourriture en continu au fil des saisons. C’est pourquoi les grandes cultures sont si problématiques: elles créent pour certaines une abondance de nourriture pendant un court laps de temps, mais rien avant ni après. D’où l’idée de fleurir les bandes enherbées le long des champs de plantes bonnes pour les insectes. Il est tout de même dommage que les jachères fleuries que l’on voit, à base de cosmos qui ne sont pas des plantes indigènes, ne leur soient pas favorables. Nous tentons de développer quelques projets, avec le département de la Marne, le parc naturel régio nal du Vexin ou le conservatoire botanique de Midi-Pyrénées, pour favoriser les plantes mes sicoles (des moissons) telles le bleuet ou le coquelicot, et pour semer des vesses, des luzernes, salsifis et chicorées sauvages, des panicots
Mais le problème, c’est qu’il est déjà extrêmement difficile de trouver des semences. Les rares lieux qui ont conservé une grande variété de semences, tel le conser vatoire des plantes médicinales de Milly-la-Forêt (Essonne), ne dis posent que de très petites quanti tés. Or sans plantes, nous n’avons pas d’abeilles et réciproquement. Il est donc urgent de conserver et produire les semences. »
RECUEILLI PAR MARIE VERDIER
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